Racisme
Le racisme
est une id�ologie
qui postule une hi�rarchie entre les �tres
humains selon leur origine ethnique, d�sign�e sous le
terme de race.
Plus g�n�ralement, le racisme d�signe la croyance que de pr�tendues
propri�t�s biologiques inn�es, attribu�es � des groupes sociaux,
conditionnent in�vitablement l'accomplissement culturel et individuel.
Le terme racisme peut �galement d�signer une attitude de critique ou
d'hostilit� syst�matique envers l'ensemble d'un ou de plusieurs groupes ethniques
d�termin�s. Le racisme peut se traduire par des actes d'hostilit� ou de
discrimination envers les personnes selon leur origine ethnique, et
prendre la forme de x�nophobie ou d'ethnocentrisme.
Certaines formes d'expression du racisme, comme
les injures racistes, la diffamation
raciale, la discrimination
dans certains domaines (embauche, service,...), sont consid�r�es comme
des d�lits dans un certain nombre de pays. Les th�ses racistes ont
servi de support � certaines id�ologies politiques pour pratiquer des
discriminations sociales, des s�gr�gations ethniques et commettre des
violences, dont des actes de g�nocides.
Un Afro-am�ricain
buvant de l'eau uniquement r�serv�e aux gens "de couleur" ( colored
men), en 1939, � Oklahoma City.
Origine
d'un mot
Le pamphl�taire Gaston
M�ry, collaborateur � La Libre Parole,
le journal d'�douard Drumont, a invent� le mot
� raciste � en 1894[1],[2],[3], selon
Charles Maurras[4].
Toutefois, l'adjectif � raciste �[5] et le nom
� racisme � s'installent dans le vocabulaire g�n�ral
dans les ann�es 1930[6].
Il fait
ainsi son entr�e dans le dictionnaire Larousse en
1930[7].
Origines
du racisme
La litt�rature ne d�gage pas de consensus
concernant la question de
l'origine du racisme ; deux conceptions principales s'opposent
� ce
sujet. La premi�re consiste � consid�rer que diff�rentes formes de
racisme se sont succ�d� au cours de l'histoire, et ce depuis
l'Antiquit�. La seconde envisage le racisme comme un produit de
l'Europe occidentale moderne, export� dans le sillage de l'imp�rialisme
europ�en.
Les
tenants d'un racisme pr�-moderne
S'il existe un consensus relativement large dans
la communaut�
scientifique pour affirmer l'inexistence d'un �quivalent � la notion de
race dans l'Antiquit�, le philosophe Christian Delacampagne
per�oit dans l'attitude pa�enne - �gyptienne, grecque puis romaine-
face au juifs et dans la partition entre hommes libres d'un c�t�,
femmes, enfants et esclaves de l'autre, des � classifications
biologiques �, de � type raciste �[8].
C'est surtout le Moyen �ge qui donne des arguments
aux partisans de l'existence d'un racisme ant�rieur � la modernit�.
Pour l'historien sp�cialiste de l'antis�mitisme
Gavin I. Langmuir, l'une de ses manifestations serait la
cristallisation de l'antijuda�sme des premiers th�ologiens chr�tiens en
un antis�mitisme chr�tien d�s le XIIIe si�cle[9]. D'autres en
voient les premi�res manifestations d�s la fin du XIe si�cle
et les
premiers pogroms qui jalonnent la premi�re croisade populaire men�e par
Pierre l'Ermite. Au XIIIe si�cle, la crise
rencontr�e par l'�glise catholique, menac�e par les h�r�sies cathares,
albigeoises, vaudoises aboutit � une rigidification de sa doctrine qui
se manifeste notamment par la cr�ation de l'Inquisition dans les ann�es
1230 et par ce que Delacampagne d�signe comme la
� d�monisation � des infid�les[10].
Selon Delacampagne, l'id�e que la conversion
absout le juif s'efface
alors devant la croyance que la jud�it� est une condition h�r�ditaire
et intangible. Ce mouvement n'�pargne d'ailleurs pas d'autres
cat�gories de la population. Sa manifestation la plus probante est la
mise en place progressive � partir de 1449 d'un syst�me de certificat
de puret� de sang (limpieza de sangre)
dans la p�ninsule ib�rique pour acc�der � certaines corporations ou
�tre admis dans les universit�s ou les ordres. Ce mouvement, qui se
traduit par le d�cret de l'Alhambra
de 1492, concerne quatre groupes pr�cis : les juifs et les
musulmans
convertis, les p�nitenci�s de l'Inquisition et les cagots, c'est-�-dire
les descendants pr�sum�s de l�preux[11].
Delacampagne mentionne la s�gr�gation qui touche
cette derni�re
cat�gorie de population comme une �tape majeure dans la constitution du
racisme moderne. Pour la premi�re fois, selon lui, la discrimination
d'un groupe social re�oit au XIVe si�cle une
justification appuy�e sur les conclusions de la science. Les
chirurgiens, tel Ambroise Par�,
apportent en effet leur caution � l'id�e que les cagots, descendants
pr�sum�s de l�preux, continuent de porter la l�pre bien qu'ils n'en
manifestent pas les signes ext�rieurs[12].
Dans
les
soci�t�s non europ�ennes
Plusieurs �tudes ont mis en avant l'existence
d'attitudes que leurs
auteurs consid�rent comme racistes dans des soci�t�s ext�rieures �
l'aire culturelle europ�enne. Au Japon, la transmission h�r�ditaire de
l'appartenance � la caste des Burakumin jusqu'au d�but de l'�re Meiji a
pu �tre analys�e comme le produit d'une construction symbolique de type
raciste. Les travaux men�s par l'historien Bernard Lewis
sur les repr�sentations d�velopp�es par la civilisation musulmane �
l'�gard de l'Autre concluent sur l'existence d'un syst�me perceptif
qu'il qualifie de raciste, notamment � l'�gard des populations noires[13].
Au Moyen �ge, le racisme des Arabes � l'�gard des
Noirs, en
particulier des Noirs non-musulmans, servit de pr�texte � la traite
n�gri�re et � l'esclavage. Des lettr�s musulmans invoquaient la
supr�matie raciale des Blancs en se fondant sur le r�cit de la
mal�diction prof�r�e par No� dans l'Ancien Testament (Gen�se 9:20-27).
Selon eux, elle s'appliquait aux Noirs, descendants de Cham, le p�re de
Canaan, qui avait vu No� nu (une autre interpr�tation les rattache �
Koush,
voir l'article). Les Noirs �taient donc consid�r�s comme
� inf�rieurs �
et � pr�destin�s � � �tre esclaves. Plusieurs auteurs
arabes les
comparaient � des animaux[14]. Le po�te
Al-Mutanabbi m�prisait le gouverneur �gyptien Abu al-Misk Kafur au Xe si�cle � cause de la
couleur de sa peau[14].
Le mot
arabe abid qui signifiait esclave est devenu �
partir du VIIIe si�cle plus ou moins
synonyme de � Noir �[15].
Quant au
mot arabe zanj, il d�signait de fa�on p�jorative
les Noirs[16].
Ces
jugements racistes �taient r�currents dans les ouvres des historiens et
des g�ographes arabes : ainsi, Ibn Khaldoun a pu �crire au XIVe si�cle :
� Les seuls peuples � accepter vraiment l'esclavage sans
espoir de
retour sont les n�gres, en raison d'un degr� inf�rieur d'humanit�, leur
place �tant plus proche du stade de l'animal �[17].
� la m�me p�riode, le lettr� �gyptien Al-Abshibi �crivait
� Quand il
[le Noir] a faim, il vole et lorsqu'il est rassasi�, il
fornique. � [18].
Les Arabes pr�sents sur la c�te orientale de l'Afrique online casino Schweiz utilisaient le
mot � cafre � pour d�signer les Noirs de l'int�rieur
et du sud. Ce mot
vient de � kafir � qui signifie
� infid�le � ou � m�cr�ant �[19].
Le
racisme moderne
Les diff�rents auteurs qui con�oivent le racisme
comme une
sp�cificit� de la modernit� europ�enne s'accordent pour mettre en avant
la conjugaison de deux facteurs dans la gen�se de cette nouvelle
attitude :
- le d�veloppement de la science moderne. Il
inaugure un syst�me de
perception essentialiste de l'alt�rit� et un syst�me de justification
des conduites racistes qui s'appuient sur des th�ories � pr�tention
scientifique de la race.
- l'expansion europ�enne qui d�bute au XVe si�cle[20]. Elle
entra�ne la mise en place d'un syst�me �conomique et social
esclavagiste, et d'une traite
n�gri�re
� destination des colonies ; parall�lement, elle s'accompagne
du
d�veloppement d'une attitude coloniale � l'�gard des populations non
europ�ennes qui p�n�tre progressivement la m�tropole[21].
La
biologisation du social
Pour Colette Guillaumin[22]
le racisme est contemporain de la naissance d'un nouveau regard port�
sur l'alt�rit� ; il est constitu� par le d�veloppement de la
science
moderne et la substitution d'une causalit� interne, typique de la
modernit�, � une d�finition externe de l'homme qui pr�valait avant la
p�riode moderne.
Alors que l'unit� de l'humanit� trouvait
auparavant son principe �
l'ext�rieur de l'homme, dans son rapport � Dieu, l'homme ne se r�f�re
d�sormais qu'� lui-m�me pour se d�terminer. Comme en attestent les
d�bats th�ologiques sur l'�me des indiens ou des femmes, le rejet de la
diff�rence et les hi�rarchies sociales s'appuyaient sur une
justification religieuse ou bas�e sur un ordre sacr� (caste) ;
ils se
parent d�sormais des habits de la justification biologique, renvoyant �
l'ordre de la nature[23].
La conception de cette Nature elle-m�me conna�t une mutation
profonde :
elle devient mesurable, quantifiable, r�ductible � des lois accessibles
� la raison humaine.
Ce changement de regard engendre un syst�me
perceptif
essentialiste : l'h�t�rog�n�it� au sein de l'esp�ce humaine ne
doit son
existence qu'� une diff�rence log�e dans le corps de l'homme, que les
scientifiques europ�ens s'acharneront � mettre en �vidence tout au long
du XIXe si�cle et au cours
de la premi�re moiti� du XXe si�cle.
Pour
Pierre-Henri Boulle, on peut percevoir en France d�s la fin du XVIIe si�cle les premi�res
expressions de ce mode de perception. C'est au XVIIIe si�cle
qu'il se r�pand parmi les �lites politiques, administratives et
scientifiques, avant de se g�n�raliser au plus grand nombre dans le
courant du XIXe si�cle[24].
Pour Colette Guillaumin ce mode de perception se
g�n�ralise au tournant des XVIIIe si�cle et XIXe si�cle[25]. Dans la
premi�re partie de son ouvrage Les origines du totalitarisme,
Hannah Arendt date l'apparition de l'antis�mitisme, qu'elle diff�rencie
de l'antijuda�sme, du d�but du XIXe si�cle ;
c'est aussi la date d'origine qu'assigne le philosophe Gilbert Varet
aux � ph�nom�nes racistes express�ment dits �[26].
La propagation hors de l'Europe appara�t dans
cette optique comme un
produit de l'influence europ�enne : Andr� B�teille d�veloppe
ainsi la
th�se d'une � racialisation � du syst�me de caste en
Inde apr�s la colonisation britannique[27]. Au Japon,
des travaux men�s par John Price, Georges De Vos, Hiroshi Wagatsuma ou
Ian Neary au sujet des Burakumin parviennent � des conclusions
identiques[28].
La
colonisation et l'esclavage
La question de l'ant�riorit� ou de la post�rit� du
racisme au
d�veloppement de l'esclavage dans les colonies europ�ennes fait l'objet
de nombreux d�bats. Le consensus s'�tablit n�anmoins au sujet du r�le
jou� par le d�veloppement de l'esclavage sur le durcissement et la
diffusion de l'attitude raciale.
Selon l'historien am�ricain Isaac Saney,
� les documents historiques
attestent de l'absence g�n�rale de pr�jug�s raciaux universalis�s et de
notions de sup�riorit� et d'inf�riorit� raciale avant l'apparition du
commerce transatlantique des esclaves. Si les notions d'alt�rit� et de
sup�riorit� existaient, elles ne prenaient pas appui sur une vision du
monde racialis�e �[29].
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D�veloppement de l'esclavage et de la science
moderne ont
�troitement interagi dans la construction du racisme moderne. La
cat�gorie de � nosopolitique � qualifie chez la
philosophe Elsa Dorlin
l'usage des cat�gories de � sain � et de
� malsain � par le discours
m�dical fussbal wetten ch appliqu� dans un premier temps aux femmes, puis aux esclaves.
Alors que le Blanc, consid�r� comme � naturellement �
sup�rieur par les
m�decins, est d�fini comme l'�talon de la sant�, le temp�rament des
Noirs est par contraste d�clar�
� pathologique � ; il est porteur de
maladies sp�cifiques, que seule la soumission au r�gime de travail
impos� par les colons peut att�nuer, mais difficilement gu�rir, tant
elles paraissent intrins�quement li�es � sa nature[30].
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